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De Havilland D.H.98 Mosquito Bomber

novembre 1940 De havilland-D.h.98  mosquito fighter

Vue d'un bombardier Mosquito B. IV (photo : Aircraft of the Royal Air Force 1918-57 - Owen Thetford) Vue d'un bombardier Mosquito B. IV (DZ 353) du Squadron No. 105 de la Royal Air Force.

Le D.H.98 Mosquito fut avec le chasseur Spitfire et le bombardier lourd Lancaster, l'un des plus réussis produits de l'industrie aéronautique britannique pendant la Deuxième Guerre mondiale. Son adaptabilité fut prodigieuse, et il fut le plus rapide avion de la Royal Air Force, de septembre 1941 jusqu'au début de l'année 1944. Avec le Bomber Command, organisme dans lequel il fut d'abord mis en service en mai 1942, il resta le plus véloce appareil jusqu'à la fin du conflit, avant l'introduction du Canberra à réacteurs en 1951.

La compagnie de Havilland Co. planifia le Mosquito, avec deux moteurs Rolls-Royce Merlin, comme un projet sur fonds propres, en octobre 1938. Il devait être de construction entièrement bois afin d'économiser l'emploi de matériaux stratégiques et de répartir la production sur de nombreux sites, et ne devait emporter aucun armement défensif, en ne comptant que sur sa vitesse pour échapper aux intercepteurs. Cette position peu orthodoxe suscita un certain intérêt dans les cercles officiels, mais juste après le début de la Deuxième Guerre mondiale, grâce largement à l'engagement personnel de Sir Wilfrid Rhodes Freeman (1888-1953), alors membre du Research, Development and Production de l'Air Council, de Havilland fut sollicité pour commencer la conception détaillée en correspondance avec la demande pour un bombardier léger pouvant emporter 1.000 livres (environ 450 kg) de bombes sur 1.500 miles (2.400 km). Ce travail fut entrepris fin décembre 1939, et début mars 1940, une première commande officielle fut passée pour cinquante bombardiers répondant à la spécification du ministère de l'Air (Air Ministry Spec. B. 1/40). Après la crise de Dunkerque (opération Dynamo, entre fin mai et début juin 1940), le Ministry of Aircraft Production rationalisa la fabrication des modèles à quelques types, et le Mosquito fut exclu du programme pendant un temps, puis fut réintégré ensuite. Le premier prototype (W 4050) fut terminé en un temps record de onze mois, et effectua son vol inaugural à Hatfield, Hertfordshire, fin septembre 1940. Sa vitesse à basse altitude atteignait près de 400 mph (640 km/h), et les invités officiels, à Hatfield, furent stupéfaits de l'agilité de l'appareil, proche de celle d'un chasseur, et de sa capacité à effectuer une boucle avec une des hélices en drapeau. Deux prototypes suivirent, un pour la reconnaissance photographique (W 4051), et un pour les missions de chasse.

Le prototype du Mosquito commença les essais officiels en février 1941, et en juillet de la même année, une production à grande échelle était en cours. Le prototype Mosquito IV (W 4072) vola pour la première fois début septembre 1941, et il fut suivi de dix Mk. IV Series 1, et un peu plus de 260 Mk. IV Series 2. Le Mosquito IV fut la première version bombardier léger mise en service actif, et il différait de la spécification initiale en emportant quatre bombes de 500 livres (230 kg), un tiers de plus que la charge d'origine. Il était équipé de deux moteurs Rolls-Royce Merlin 21 d'une puissance unitaire de 1.250 ch, et le Series 2 différait du Series 1 par ses nacelles plus longues s'étendant au delà des ailes. Le Mosquito IV fut mis en service avec la R.A.F., dans le (Light Bomber) Group No. 2, quand il remplaça le Blenheim. La première unité équipée fut le Squadron No. 105, à Marham, Norfolk, en mai 1942. Avec ce nouvel avion révolutionnaire, cette unité fut enviée par les autres escadrilles du groupe de bombardement. La première sortie opérationnelle fut effectuée le 31 mai 1942, quand quatre Mosquito du Squadron No. 105 réalisèrent une mission de jour contre Cologne, quelques heures après le raid de mille bombardiers de la nuit précédente (opération Millennium, nuit du 30 au 31 mai 1942). Dès les premiers jours, l'appareil se révéla un épineux problème pour la défense allemande. Il était trop rapide pour être intercepté, comme prévu, et il fut l'appareil du Bomber Command ayant eu le plus faible taux de perte.

De mai 1942 jusqu'à mai 1943, les Mosquito du Group No. 2 réalisèrent plus de cent missions de jour réussies, contre des cibles partout en Europe, et ce travail fut décrit dans le livre Low Attack rédigé par le Wing Commander John de L. Woolbridge et relatant la vie de deux unités de Mosquito entre 1940 et 1943. La première unité équipée fut rejointe à Marham, par une seconde, le Squadron No. 139, en octobre 1942. Le mois précédent, les appareils de la première escadrille avaient attaqué de jour le quartier général de la Gestapo, à Oslo, Norvège, et la capacité du Mosquito, en version bombardier, à détruire de petites cibles avec précision devint légendaire. La méthode utilisée par le Group No. 2 combinait le vol à basse altitude pour une formation, et le piqué léger pour une autre. Ces deux formations coordonnaient leur attaque afin de créer le maximum de confusion dans les défenses adverses. Les bombardiers en légère descente, piquaient depuis 2.000 pieds (610 m) et larguaient les bombes à 1.500 pieds (460 m), tandis que les autres appareils passaient droit en travers de la cible, le plus bas possible, en larguant également leur charges. Le vol sur l'objectif et le retour étaient effectués au niveau du sol, en mode 'dead reckoning', soit un processus de calcul de la position actuelle de l'avion en mouvement en utilisant une position préalablement déterminée, ou fixation, et en incorporant des estimations de vitesse, de cap (ou de direction ou de cap) et de temps écoulé, ce qui demandait un gros travail de navigation au chef de groupe.

Les premiers Mosquito ayant bombardé de jour Berlin, furent ceux du Squadron No. 105, fin janvier 1943. Cette attaque, qui fut un succès, avait été programmée pour perturber un défilé durant lequel le Reichsmarschall Hermann Goering (1893-1946), devait parler. Pour compléter, un autre rassemblement durant lequel le ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande, Joseph Goebbels (1897-1945), devait s'exprimer, fut perturbé de la même manière par des bombardiers du Squadron No. 139. Le dernier grand raid de jour fut réalisé par les appareils de ces deux escadrons, avec une attaque sur l'usine d'optique Zeiss, et sur les installations de la Schott Glas Works, à Iéna, fin mai 1943.

A partir de mai 1943, les Mosquito du Group No. 2 cessèrent les bombardements de jour, ces derniers étant principalement pris en charge par les unités de l'U.S. Army Air Force basées en Angleterre. Avec l'augmentation rapide de la force du Bomber Command dans l'offensive de nuit et le développement de nouvelles tactiques, comme la pénétration, les Mosquito rejoignirent le Group No. 8 nouvellement formé, qui était spécialisé dans le marquage de cibles et les missions menées par le groupe d'élite spécialisé P.F.F. (Path Finder Force). Sur la nouvelle base de Graveley, Huntingdonshire, le Squadron No. 5 reçut une nouvelle version du bombardier, le Mark IX. Ce dernier était doté de Merlin 72 d'une puissance unitaire de 1.680 ch et pouvait atteindre une altitude de 36.000 pieds (10.970 m). Le prototype était issu de la conversion d'un Mk. IV (DZ 540), et le premier appareil de production (LR 495) vola pour la première fois en mars 1943. Environ cinquante exemplaires de ce modèle qui emportait quatre bombes de 500 livres (230 kg) en soute interne et encore deux sous les ailes, furent construits. Pour les missions de pénétration, les Mosquito du Squadron No. 105 étaient équipé d'un système Oboe qui avait été utilisé de manière opérationnelle, d'abord avec les appareils du Squadron No. 109 volant depuis Wyton, dans la nuit, en décembre 1942, durant l'attaque d'une station de puissance, à Lutterade, aux Pays-Bas. Les Mosquito furent employés dans le Squadron No. 109 avec la Path Finder Force, en août 1942, quelques-uns étant des Mk. IV convertis. L'équipement Oboe du bombardier lui permettait d'opérer avec précision, à travers des nuages ou des fumées industrielles, et les missions dévastatrices du Bomber Command, sur la Ruhr et la Rhénanie furent à mettre largement au crédit des Mosquito de pénétration. Dans ce type de mission, ces bombardiers larguèrent eux-mêmes 15.000 tonnes de bombes et finalement lâchèrent un total d'environ 26.880 tonnes.

Fin février 1944, les Mosquito commencèrent des opérations avec des bombes de 4.000 livres (environ 1.815 kg), avec un raid sur Düsseldorf, ce qui était le double de la charge initiale du Mk. IV. Afin d'emporter ces armes plus grandes, la soute à bombe fut agrandie et équipée de portes arrondies, et la modification fut appliquée sur la totalité des Mk. IX, et aussi sur quelques exemplaires, parmi la cinquantaine de Mk. IV encore en service. Le Mosquito était l'unique bombardier léger capable d'emporter ces armes qui étaient normalement réservées aux bombardiers lourds. Durant les attaques intensives menées contre les sites de départ des bombes volantes, à l'été 1944, les Mosquito se montrèrent de nouveau efficaces. Ces avions comptaient un site de V-1 détruit pour chaque quantité de 39,8 tonnes de bombes, ce ratio étant de 219 tonnes pour le B-25 Mitchell, 182 tonnes de bombes pour le B-26 Marauder, et 165,4 tonnes pour les Fortress.

Les Mosquito du Group No. 8 équipèrent par la suite onze escadrons qui en plus de missions de pénétration, effectuèrent indépendamment des missions de harcèlement. Ce qui fut connu sous le terme Light Night Stiking Force, et la variante principale utilisée fut le Mark. XVI qui fut développé spécialement pour cette tâche fut le dernier bombardier de la série employé de large manière durant la guerre. Le Mk. XVI était un développement du Mk. IX, mais était équipé d'un cockpit pressurisé, ce qui lui permettait d'opérer à environ 40.000 pieds (12.190 m). Le prototype (MP 469) effectua son vol inaugural en novembre 1943. Cet appareil devait pouvoir emporter la charge standard de 3.000 livres (1.360 kg), mais tous les Mk. XVI furent équipés par la suite de la soute à bombe protubérante permettant de charger la bombe de 4.000 livres et deux réservoirs supplémentaires d'une capacité unitaire de 50 gallons (environ 230 litres) furent montés sous les ailes. La production du Mk. XVI fut d'environ 1.200 exemplaires.

Les Mosquito de la Light Night Striking Force visitèrent Berlin en au moins 170 occasions, avec des sorties variant de une à deux par nuit, jusqu'à ce qu'un maximum soit atteint en février 1945, avec environ 120 missions dans ce mois. A partir du 20 février 1945, les bombardiers attaquèrent la capitale allemande, au cours d'une quarantaine de nuits successives. En volant à une altitude comprise entre 30.000 et 40.000 pieds (9.140 m et 12.190 m), les pertes ne furent que d'un avion sur 2.000 sorties, un record pour le Bomber Command. Les Mosquito larguèrent aussi des mines, la première mission étant effectuée sur le canal de Kiel, dans la nuit du 12 au 13 mai 1944. Les bombardiers du Group No. 8 effectuèrent la dernière mission dans le Bomber Command, durant la Deuxième Guerre mondiale, soit une attaque sur Kiel par seize Mosquito XVI du Squadron No. 608, début mai 1945.

Cependant, en mai 1945, une nouvelle variante de la série effectua son vol inaugural. C'était le Mark 35, une version améliorée du Mk. XVI dotée de Merlin 113-114. Cet appareil avait une vitesse maximale de 420 mph (675 km/h) et emportait 2.000 livres (environ 910 kg) de bombes, avec un rayon d'action de 2.050 miles (3.300 km). La guerre fut terminée avant un emploi de ce bombardier, mais il fut mis en service dans les années de l'après-guerre, avec le Bomber Command, dans les Squadrons Nos. 109 et 139, à Hemswell. Lincolnshire. Le dernier bombardier, un B. 35, fut construit à l'usine Airspeed, et quitta l'établissement l'été 1946. Ce dernier fabricant construisit environ 120 exemplaires de ce type.

Les derniers Mosquito du Bomber Command furent remplacés par des Canberra en 1952-1953. Ils furent encore utilisés après la guerre par la Light Bomber School, à Middleton St George, Darlington, et dans plusieurs unités des British Air Forces of Occupation (B.A.F.O.), en Allemagne, sur les bases de Wahn et Celle. Les appareils des Squadrons No. 14 et 98, stationnés en Allemagne participèrent au R.A.F. Display, à Farnborough, Hampshire, en juillet 1950, peu de temps après leur replacement par des chasseurs-bombardiers Vampire. Quelques Mosquito Mk. 35 (B. 35) furent convertis après la Deuxième Guerre mondiale par Marshalls of Cambridge, pour emporter un nouveau type de viseur, Rebecca and Gee H Mk. 2. D'autres furent convertis pour la reconnaissance photographique de nuit, sous la désignation P.R. 35, par de Havilland, à Leavesden, Hertfordshire. Le Mosquito en version bombardier était construit en bois moulé, et était mené par un équipage de deux personnes. Les constructeurs furent de Havilland Aircraft Co. Ltd., Hatfield, Hertfordshire, avec comme sous-traitants principaux Airspeed, Percival et Standard Motors. La production totale du modèles , en comptant toutes les versions (bombardement, chasse, reconnaissance), atteignit environ 7.780 exemplaires.

Un certain nombre de Mosquito Mark IV furent modifiés par Vickers-Armstrong pour pouvoir emporter une bombe rebondissante, type Highball, et ces machines furent référencées chez le constructeur, Type 463, prototype de conversion Mosquito IV (DZ 741), et Type 465, conversion d'une trentaine de Mk. IV capables d'emporter cette arme. La bombe rebondissante due à Barnes Neville Wallis (1887-1979), fut connue par l'attaque menée (opération Chastise), par des Lancaster contre des barrages allemands, en mai 1943. Le montage expérimental sur le bombardier léger de cette arme devant être mise en rotation avant largage, fut fait dans le but de l'utiliser pour attaquer des navires de guerre japonais, en Extrême-Orient. Plus tôt, au moins un Mosquito fut employé pour des tests de montage de la bombe de forme cylindrique Dambuster (diamètre cinquante pouces, 1,27 m, longueur soixante pouces, 1,52 m, poids 9.250 livres, (4.200 kg).


Tableau de versions :
Modèle Caractéristiques
Mk. IV Moteurs Merlin 21 d'une puissance unitaire de 1.250 ch. Emport de quatre bombes de 500 livres (230 kg), total de 2.000 livres. Construction en environ 270 exemplaires.
Mk. IX Moteurs Merlin 72 ou 76 d'une puissance unitaire de 1.680 ch, ou deux Merlin 73 ou 77 d'une puissance unitaire de 1.710 ch. Plafond de 36.000 pieds (10.970 m). Construction en un peu plus de cinquante exemplaires.
Mk. XVI Charge de bombes emportée de 4.000 livres. Cockpit pressurisé, plafond de 40.000 pieds (12.190 m). Construction en environ 1.200 exemplaires.
Mk. 35 Développement haute altitude du Mark XVI. Moteurs Merlin 113-114. Mis en service après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Construction en environ 270 exemplaires.

Vue d'un bombardier Mosquito B. XVI (photo : Aircraft of the Royal Air Force 1918-57 - Owen Thetford) Vue d'un bombardier Mosquito B. XVI (ML 963) du Squadron No. 571 de la Royal Air Force.

Source partielle : Aircraft of the Royal Air Force 1918-57 - Owen Thetford.

D.H.98 Mk. IV       
Moteurs(s)/Engine(s)   2 moteurs à pistons de 1.250 ch             Rolls-Royce Merlin XXI                            
Envergure/Span 16,51 m (54 ft 2 in) Longueur/Length 12,43 m (40 ft 9.4 in) Hauteur/Height 4,66 m (15 ft 3.5 in) Poids total/Weight 9.470 kg (20,880 lb)
Vitesse/Speed 610 km/h à 5.180 m           Plafond/Ceiling 8.780 m (28,810 ft)  Autonomie/Range 1.960 km (1,220 miles) Endurance/Endurance                     


D.H.98 Mk. XVI      
Moteurs(s)/Engine(s)   2 moteurs à pistons de 1.680 ch (1.710 ch)  Rolls-Royce Merlin 72 ou 76 (73 ou 77)            
Envergure/Span 16,51 m (54 ft 2 in) Longueur/Length 13,57 m (44 ft 6.3 in) Hauteur/Height 4,66 m (15 ft 3.5 in) Poids total/Weight 10.430 kg (22,990 lb)
Vitesse/Speed 660 km/h à 7.925 m           Plafond/Ceiling 11.280 m (37,010 ft) Autonomie/Range 2.205 km (1,370 miles) Endurance/Endurance                     


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