Short-S.26 classe 'g' - cabine         

Short S.29 Stirling

mai 1939 Short-S.29 stirling v

Vue d'un Stirling I (photo : Aircraft of the Royal Air Force 1918-57 - Owen Thetford) Vue d'un bombardier Short Stirling I (N 3725), du Squadron No. 218 de la Royal Air Force.

Le Stirling fut important dans l'histoire de la Royal Air Force, comme étant le premier bombardier monoplan quadrimoteur mis en service, et comme étant le premier utilisé de manière opérationnelle durant la Deuxième Guerre mondiale. Contrairement au Halifax, qui devait être équipé à l'origine de deux moteurs Vulture, et au Lancaster, qui fut une évolution du bimoteur Manchester, le Stirling fut conçu depuis le début, comme un bombardier quadrimoteur. Il fut le résultat d'une demande du Air Staff datant de juillet 1936, intégrée dans la spécification du ministère de l'Air (Air Ministry Spec. B. 12/36). La firme Short fut mise en concurrence avec un projet de Supermarine, mais le prototype de cette dernière société fut détruit, lors d'un vol, avant son achèvement. Le constructeur Short voulait des ailes d'une envergure de 112 pieds (34,10 m), basées sur les plans de l'hydravion Sunderland, mais la spécification imposait une taille limitée à 99 pieds (30,20 m), afin que les bombardiers puissent entrer dans les hangars standard, et la conséquence fut que le Stirling fut conçu avec des ailes d'un faible allongement. Cette caractéristique était inévitable pour conserver une charge alaire restant dans des limites raisonnables, en vue d'obtenir un poids total d'environ 31 tonnes. Cette contrainte eut l'effet malheureux, de limiter le plafond de service de l'avion, ce qui se révéla être un grand handicap en opérations. Une autre caractéristique du dessin, qui fut par la suite, à l'origine de limitations dans l'utilisation du Stirling, était la soute à bombes divisée en sections, et la bombe la plus lourde pouvant être emportée ne dépassait pas 2.000 livres (environ 910 kg). La spécification prévoyait une voilure avec une forte incidence afin de faciliter le décollage sur une courte distance, mais prévoyait également une incidence faible en vol, pour obtenir les meilleures performances en régime de croisière. Comme Short voulait une voilure proche de celle du Sunderland, alors en cours de construction, les ailes du Stirling ressemblèrent à celles de l'hydravion, avec des volets Gouge (Arthur Gouge), sur le bord de fuite, et un montage de type aile haute. Ce dernier choix fut à l'origine du très haut et très compliqué train d'atterrissage principal rentrant du bombardier, montage nécessaire pour obtenir le bon angle d'incidence au sol. Les éléments de queue, montés à l'extrémité d'un long fuselage aux côtés plats, portaient une dérive simple. Le train d'atterrissage postérieur était formé de deux roues indépendantes et était rétractable. L'armement défensif prévu comprenait une tourelle avant avec deux mitrailleuses, un dorsale portant les mêmes armes, et un défensive de queue dotée de quatre mitrailleuses. Ces tourelles étaient à commande hydraulique, les pompes de nez et dorsale étant entraînées par le moteur intérieur gauche, et celle de queue par le moteur intérieur droit.

Le prototype de l'avion fut précédé d'un modèle en bois, d'une échelle 1/2, dotée de quatre moteurs Pobjoy Niagara. Ce modèle désigné S.31, essayé en vol en 1938, apporta des données valables sur l'aérodynamisme et le comportement en vol du concept. Le premier prototype du Stirling (désignation constructeur S.29, référence L 7600), effectua son vol inaugural en mai 1939, mais il fut détruit lors de l'atterrissage. Il fut suivi d'un deuxième prototype (L 7605), qui vola en décembre 1939, peu de temps après le début de la Deuxième Guerre mondiale, et le processus de développement fut poursuivi. Les moteurs étaient quatre radiaux Bristol Hercules II, d'une puissance unitaire de 1.375 ch, mais ils furent remplacés sur les premiers appareils de production (en commençant par le N 3635), par des Hercules XI qui développaient 1.595 ch.

La première escadrille recevant le Stirling, et la première unité dotée d'un bombardier quadrimoteur pendant la guerre, fut le Squadron No. 7, à Leeming, North Yorkshire, en août 1940. Cette escadrille qui fut déplacée à Oakington, Cambridgeshire, peu de temps après, fin octobre 1940, était l'une des plus anciennes, parmi celles équipées de bombardiers lourds, dans la R.A.F. Les bombardiers Stirling furent mis en action pour la première fois, de nuit, début février 1941, lors d'une mission contre des dépôts de carburant, à Rotterdam. En mars 1941, les Stirling furent plutôt dirigés contre le port de Brest, ou stationnaient les croiseurs de bataille jumeaux Gneisenau et Scharnhorst, Salmon et Gluckstein pour la R.A.F.), et ces navires devinrent des cibles régulières du Bomber Command, d'abord de nuit, puis lors de raids de jour, la première sortie de ce type ayant été effectuée contre Emden (embouchure du fleuve Ems, Frise orientale), fin avril 1941, par des appareils du Group No. 3. Une autre attaque fameuse fut celle menée contre le Scharnhorst, alors dans le port de La Pallice (La Rochelle), en juillet 1941. Le premier raid sur Berlin fut réalisé de nuit par les avions du Bomber Command en avril 1941, et des cibles éloignées, comme les usines Skoda, à Pilsen, en Tchécoslovaquie, ou des villes de l'Italie du Nord (usine Fiat attaquées en novembre 1941), pouvaient aussi être atteintes. En juillet 1941, les Stirling du Group No. 3 remplacèrent des bombardiers légers Blenheim du Group No. 2, dans des opérations de jour de type Circus, menées sur la France, des attaques de bombardement avec des avions d'escorte sur des cibles peu éloignées, destinées à placer les avions de la Luftwaffe sur la défensive et à les obliger à rester à combattre sur les zones concernées. En août 1942, les Stirling du Squadron No. 7 rejoignirent la nouvellement formée P.F.F. (Path Finder Force), et participèrent aux premières opération de ce groupe d'élite spécialisé au-dessus de Flensbourg, nord du Schleswig-Holstein, fin août 1942. L'année précédente, les bombardiers avaient aussi été les premiers avions du Bomber Command, à être équipés de la forme d'origine du système de bombardement aérien aveugle Oboe (premier essai lors d'une mission sur Brest, en décembre 1941). Les Stirling participèrent aussi à la campagne soutenue de bombardement stratégique sur le port de Hambourg (opération Gomorrah), durant la dernière semaine du mois de juillet 1943.

Les bombardiers utilisés pendant ces années furent d'abord le Stirling B I, avec les sous-séries, B I Series I doté de moteurs Hercules II de 1.375 ch, B I Series II équipé de moteurs Hercules XI de 1.590 ch entraînant des hélices à vitesse constante, et B I Series III doté de nacelles conçues par Bristol, et parfois d'une tourelle dorsale à faible traînée Boulton and Paul. Le Stirling II devait être produit au Canada, avec des moteurs Wright R-2600-A5B Cyclone 14 (Twin Cyclone), mais le modèle ne finalement construit qu'en deux prototypes (N 3657 et N 3711).

La variante majeure de production suivante fut le Mk. III (prototypes BK 648 et BK 649), équipé d'une tourelle dorsale d'un nouveau type, de moteurs Hercules XVI de 1.650 ch, et doté d'une capacité en carburant accrue. Ce modèle fut une version standard dans le Bomber Command, durant les années 1943 et 1944. Au milieu de l'année 1943, le Stirling devint rapidement dépassé en tant que bombardier lourd, et il fut alloué seulement à des missions contre des cibles moins bien défendues. Il fut largement employé dans des missions de mouillage de lourdes mines de 1.500 livres, environ 680 kg (opération connue sous le nom de code Gardening), et des opérations spéciales liées aux contre-mesures, en emportant des équipements pour brouiller les radars ennemis. En 1944, ces bombardiers furent employés en majorité contre des cibles annexes, et contre les sites de lancement de bombes volantes, dans le nord de la France. Le dernier raid de ces appareils pour le Bomber Command, fut effectué début septembre 1944, et la dernière unité en opérations avec cet avion, fut le Squadron No. 199, stationné à Lakenheath, Suffolk, East Anglia, et plus tard à Mildenhall, Suffolk.

Les Stirling de type bombardier furent construits dans trois usines, à Rochester (Kent), Belfast, et Birmingham (Austin). La production du Mk. I atteignit environ 755 exemplaires, et celle du Mk. III, environ 875 exemplaires (en excluant quelques machines construites ultérieurement avec des Mk. IV). Le rôle principal du Stirling à partir du début de l'année 1944, fut celui d'un avion de transport et de remorquage de planeur, avec le Group No. 38 du Transport Command. La variante utilisée fut le Mk. IV, dont le prototype (LJ 512) était un Mk. III converti qui vola pour la première fois en 1943. Ce modèle avait les mêmes moteurs que le Mk. III, mais la tourelle avant et celle dorsale avaient été retirés, et un équipement de remorquage avait été monté à l'arrière de l'avion. Un capot transparent avait été installé à l'avant, et la tourelle de queue avait été conservée, afin d'assurer la défense de l'avion. Le Stirling IV fut utilisé pour la première fois, pour remorquer des Airspeed Horsa, lors du débarquement en Normandie (D-Day, début juin 1944). Les unités en action furent les Squadrons Nos. 190 et 622, depuis Fairford Common, Gloucestershire, et les Squadrons Nos. 196 et 299 depuis Keevil, Wiltshire.

Les Stirling IV furent également employés lors de l'attaque aéroportée sur Arnhem, Pays-Bas, en septembre 1944, et lors de l'assaut final aéroporté au-dessus du Rhin, en mars 1945. En plus de leur missions de remorquage, les Stirling parachutèrent des conteneurs de vivres et de munitions aux forces de la Résistance, et acheminèrent des parachutistes dans des zones éloignées. Entre le débarquement et la défaite finale des Allemands, les Stirling IV furent utilisés de manière continue, pour acheminer du carburant destiné aux chasseurs et aux bombardiers légers sur le continent. Chaque appareil pouvait emporter environ 600 gallons d'essence, contenus dans des bidons de cinq gallons (environ 23 litres). La production totale du Stirling Mk. IV (en incluant quelques Mk. III employés pour le transport), atteignit environ 580 exemplaires. Ce modèle fut encore suivi d'une variante désarmée, uniquement destinée au transport, le Mk. V, qui vola pour la première fois en août 1944. Le Stirling fut finalement construit, en incluant toutes les variantes, en environ 2.370 exemplaires. Un équipage standard comprenait sept ou huit hommes.


Vue d'un Stirling B III (origine : Bombers 1939-1945 - Kenneth Munson) Vue et plan d'un Stirling B III du Squadron No. 199 de la R.A.F., automne 1944. Armement : deux mitrailleuses Browning de calibre 7,7 mm dans la tourelle frontale et dans celle défensive dorsale, plus quatre armes de même type dans la tourelle de queue. Charge de bombes, jusqu'à 14.000 livres (environ 6.350 kg) en soute interne et dans les logements situés en partie intérieure des ailes.

Plan d'un Stirling B III (origine : Bombers 1939-1945 - Kenneth Munson)

Sources partielles : Bombers 1939-1945 - Kenneth Munson, et Aircraft of the Royal Air Force 1918-57 - Owen Thetford.

STIRLING B III      
Moteurs(s)/Engine(s)   4 moteurs à pistons de 1.650 ch             Bristol Hercules XVI                              
Envergure/Span 30,20 m (99 ft 1 in) Longueur/Length 26,59 m (87 ft 2.9 in) Hauteur/Height 6,93 m (22 ft 8.8 in) Poids total/Weight 31.750 kg (70,000 lb)
Vitesse/Speed 435 km/h à 4420 m            Plafond/Ceiling 5.180 m (16,990 ft)  Autonomie/Range 3.235 km (2,010 miles) Endurance/Endurance                     


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