Armstrong whitworth-A.w.38 whitley v          

Armstrong Whitworth A.W.38 Whitley

mars 1936 Armstrong whitworth-A.w.41 albemarle

Vue d'un Whitley III (photo : magazine Avions numéro 95) Vue du prototype du Whitley III, immatriculation K 7211.

Le Whitley (référence constructeur A.W.38) fut, avec le Wellington et le Hampden, l'un des principaux bombardiers employés par le Bomber Command dans les premières années de la Deuxième Guerre mondiale. Contrairement au Wellington et au Hampden qui opérèrent un temps de jour, le Whitley fut utilisé dès le début pour des missions de nuit, et il est connu principalement pour ses largages de tracts au-dessus de l'Allemagne, code opération Nickel, et des patrouilles au-dessus de Borkum, Nordeney, et Sylt, des îles de la Frise servant de bases de départ desquelles partaient des hydravions ennemis chargés de poser des mines.

Le Whitley fut conçu par John Llyod pour répondre à une spécification du ministère de l'Air (Air Ministry Spec. B. 3/34) émise en juillet 1934. Il conservait une certaine ressemblance avec son prédécesseur immédiat, le bombardier et avion de transport Armstrong Whitworth A.W.23 (immatriculation K 3585), qui avait été conçu en réponse à la spécification Spec. C. 26/31, et avait volé pour la première fois début juin 1935. Alors que le A.W.23 était un monoplan bimoteur à aile basse, le Whitley fut doté d'une aile médiane et le prototype (K 4586) effectua son vol inaugural en mars 1936. Il fit sa première apparition publique la même année, lors du New Types Park, à Hendon, Middlesex, au cours du R.A.F. Display. Pendant ce temps, le ministère de l'Air avait choisi le Whitley pour rééquiper les Squadrons de bombardiers lourds, et avait passé un contrat initial pour 80 exemplaires en août 1935. Un second prototype (K 4587) précéda le premier exemplaires de production, Whitley I (K 7183), qui recevait des moteurs radiaux Armstrong Siddeley Tiger IX d'une puissance unitaire de 795 ch. Les premiers Whitley de production différaient des modèles suivants, par l'absence de montage avec dièdre des éléments extérieurs des ailes, mais cet arrangement destiné à améliorer la stabilité fut adopté sur les derniers Mk. I. 34 Whitley I furent fabriqués pour la Royal Air Force (en terminant par le K 7216), et furent suivis en service par 46 Whitley II (K 7217 à K 7262), et 80 Whitley III (K 8936 à K 9015) équipés de moteurs Tiger VIII d'une puissance unitaire de 920 ch, et construits respectivement, en réponse à la Spec. 21/35 et à la Spec. 20/36.

Le Whitley II, livré à partir de janvier 1938, fut le premier appareil en service dans la R.A.F. dont les moteurs étaient équipés d'un compresseur à deux étages, et le Whitley III, livré en août 1938, différait des variantes précédents, en étant équipé d'une tourelle ventrale rétractable Fraser Nash FN17 de forme cylindrique ("dustbin"), de même type que celle montée sur le biplan Heyford. Avec le Mk. IV, un changement de type de moteur fut effectué, avec le montage de Rolls-Royce Merlin en V sur les prototypes référencés K 7208, K7209, et K 7222. Sur cette version, la tourelle manuelle de queue fut aussi remplacée par une Nash and Thompson commandée portant quatre mitrailleuses Browning. Le Whitley fut le premier bombardier britannique comportant un tel armement défensif. Au total, environ quarante Whitley IV et IVA furent livrés en 1938 (K 9016 à K 9055), le Mk. IV recevant des Merlin IV de 1.030 ch et le Mk. IVA des Merlin X de 1.145 ch. La variante suivante, Whitley V, fut la majeure en production et la plus largement déployée pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Le Whitley était de construction entièrement métallique avec un revêtement travaillant. Son équipage standard était composé de cinq hommes. Au moment de sa conception, l'efficacité des volets de courbure n'était pas bien connue, aussi l'aile avait été calée avec une forte incidence de 8,5°, puis des volets furent installés, ce qui permettait des décollages et atterrissages nocturnes faciles. A un poids total de 9.830 kg, le décollage était réalisé à 110 km/h après une course d'environ 275 mètres, et l'atterrissage était fait à environ 100 km/h sur 390 m, après l'effacement d'un obstacle de 15 mètres de haut. Cependant le calage de l'aile donnait au bombardier une assiette assez particulière avec le nez bas et la queue haute, ce qui diminuait sa vitesse de 10 km/h. Le bombardier avait été nommé d'après Whitley, une banlieue de Coventry, West Midlands, siège de l'usine appartenant au constructeur Armstrong Whitworth.

Le Whitley I entra en service dans la R.A.F. pour la première fois, dans le Squadron No. 10, à Dishforth, North Yorkshire, en remplacement du biplan Heyford en mars 1937. Le Whitley IV fut mis en opérations dans les unités en mai 1939, et le premier Whitley V rejoignit les Squadrons du Group No. 4 basé dans le Yorkshire, en août 1939. Au début de la Deuxième Guerre mondiale, on trouvait six Squadrons de Whitley prêts pour les opérations en première ligne avec le Group No. 4 du Bomber Command, le reste de ces appareils étant dans le Training Group No. 6. Dans la première nuit de la guerre (3-4 septembre 1939), une dizaine de Whitley III des Squadrons Nos. 51 et 58 quittèrent Leconfield, East Riding of Yorkshire, pour effectuer le premier de nombreux raids de largage de tracts au-dessus de l'Allemagne. Durant leur reconnaissance, ils lâchèrent six millions de tracts (treize tonnes) sur la Ruhr, Hambourg et Brême. Les bombardiers ayant participé à cette mission historique étaient immatriculés K 8938, K 8941 et K 8942 dans le Squadron No. 51 et K 8964, K 8969, K 8973, K 8990, K 9006, K 9009, et K 9013 dans le Squadron No. 58.

Dans la nuit du 19-20 mars 1940, trente Whitley des Squadrons Nos. 10, 51, 77, et 102 rejoignirent des Hampden du Group No. 5 dans l'attaque d'un base allemande d'hydravions poseurs de mines à Hörnum, Frise, cette mission étant la première de largage de bombes sur le sol germanique durant la Deuxième Guerre mondiale. Le 11-12 mai 1940, les Whitley et les Hampden joignirent de nouveau leurs forces pour larguer des bombes sur le sol principal germanique, ce qui constitua la fin de la période "Phoney War" (en français drôle de guerre, en allemand Sitzkrieg, période de huit mois du commencement de la guerre, de début septembre 1939 à mai 1940, durant laquelle il n'y eu qu'une opération militaire d'envergure sur le front Ouest, l'invasion de la Sarre par des forces françaises). La cible était le réseau ferré près de Mönchengladbach. Dans le même temps, dans la nuit du 1-2 octobre 1939, des Whitley du Squadron No. 10 furent les premiers bombardiers britanniques à survoler Berlin, durant une mission de largage de tracts (le premier avion à larguer des bulletins fut le K 9036 du Wing Commander Staton.

En juin 1940, les Whitley furent les premiers bombardiers britanniques à attaquer des cibles en Italie. Le raid sur Turin et Gênes, au-dessus des Alpes, fut réalisé le 11 juin par des bombardiers des Squadrons Nos. 10, 51, 58, 77, et 102, les avions faisant une escale dans les îles anglo-normandes pour ravitailler en carburant. Dans la nuit du 25-26 août 1940, une dizaine de Whitley du Squadron No. 51 et cinq du Squadron No. 78 rejoignirent des Hampden et des Wellington pour le premier raid de largage de bombes sur Berlin réalisé par le Bomber Command. Le Whitley fut mené par de certain nombre de pilotes de la Royal Air Force qui devinrent célèbres par la suite. Par exemple, ce fut alors qu'il pilotait un Whitley V (P 5005) du Squadron No. 102 lors d'une mission sur Cologne, le 12-13 novembre 1940, que Geoffrey Leonard Cheshire (plus tard Group Captain Cheshire, Victoria Cross), montra une grande bravoure dont il fut récompensé d'une immédiate D.S.O. (Distinguished Service Order). Les Whitley continuèrent leur missions de nuit sur l'Allemagne jusqu'à ce qu'ils soient finalement retirés du Bomber Command au printemps 1942. Leur dernière mission de bombardement fut un raid sur Ostende dans la nuit du 29-30 avril 1942.


Tableau de versions :
Modèle Référence constructeur Caractéristiques
Mk. I Type 188 Moteurs radiaux Armstrong Siddeley Tiger IV de 795 ch, montage des éléments extérieurs des ailes avec un dièdre de 4°, avec les premiers exemplaires modifiés rétrospectivement. Environ 35 exemplaires construits.
Mk. II Type 197 (aussi Type 220) Moteurs à turbocompresseur Tiger VIII de 920 ch. Environ 50 exemplaires construits.
Mk. III Type 205 Moteurs Tiger VIII, portes de la soute à bombes à commande hydraulique, tourelle ventrale escamotable de forme cylindrique située en arrière de l'emplanture des ailes et dotée de deux mitrailleuses de calibre 7,7 mm. Capacité d'emport de bombes plus grosses. 80 exemplaires construits.
Mk. IV Type 209 Moteurs en V à refroidissement liquide Rolls-Royce Merlin IV d'une puissance unitaire de 1.030 ch, réservoirs de carburant d'une plus grande capacité, extension de la fenêtre de visée du bombardier, remplacement de la tourelle de queue manuelle et de la tourelle ventrale par une tourelle de queue Nash & Thompson, commandée et portant quatre mitrailleuses Browning de calibre 7,7 mm. Livraison à partir de 1938, Un peu plus de 30 exemplaires construits.
Mk. IVA Type 210 Variante du Mk. IV recevant des Merlin X de 1.145 ch construite en équipant les derniers Mk. IV de production de ce moteur. Petite dizaine d'exemplaires construits.
Mk. V Type 207 Version principale du temps de la Deuxième Guerre mondiale basée sur le Mk. IV. Modification des contours des plans verticaux de queue, montage d'un système de dégivrage sur les bords d'attaque, allongement de la partie du fuselage au delà de l'empennage (15 pouces, 38,1 cm) afin d'améliorer le champ de tir du mitrailleur de queue. Premier vol en décembre 1938, Environ 1.480 exemplaires construits.
Mk. VI   Version proposée avec des moteurs Pratt & Whitney GR-1830 Twin Wasp, prévue pour palier un manque de disponibilité du moteur Merlin. Aucun exemplaire construit.
Mk. VII (G.R.VII) Type 217 Conçu pour un service dans le Coastal Command et emportant un sixième membre d'équipage. Autonomie portée à 2.300 miles (3.700 km) par rapport à celle des versions plus anciennes (1.250 miles, 2.010 km), grâce à l'ajout de réservoirs supplémentaires logés dans la soute à bombes et le fuselage. Installation d'un radar ASV (Air to Surface Vessel) destiné aux missions de patrouille contre des navires. Montage pour cet équipement, de quatre mâts additionnels sur le dos de l'avion. Environ 150 exemplaires construits. Rendu plus lourd et moins efficace avec ses équipements aériens, le modèle ne pouvait maintenir son altitude avec un seul moteur.

Sources partielles : Aircraft of the Royal Air Force 1918-57 - Owen Thetford, et magazine Avions numéro 95.

A.W.38 WHITLEY I    
Moteurs(s)/Engine(s)   2 moteurs à pistons de 920 ch               Armstrong Siddeley Tiger IX                       
Envergure/Span 25,60 m (83 ft 11.9 in) Longueur/Length 21,11 m (69 ft 3.1 in) Hauteur/Height 4,57 m (14 ft 11.9 in) Poids total/Weight 9.825 kg (21,660 lb)
Vitesse/Speed 310 km/h à 2130 m            Plafond/Ceiling 5.790 m (19,000 ft)  Autonomie/Range 2.660 km (1,650 miles) Endurance/Endurance                     


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