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Arado Ar 234 |
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Le Arado 234 fut le premier bombardier doté de réacteurs à être vu en service, bien qu'il ait été conçu comme un appareil de reconnaissance, et qu'il fut employé la plupart du temps dans ce rôle. Les ingénieurs de chez Arado, Walter Blume et Hans Rebeski commencèrent à travailler sur un projet d'avion de reconnaissance rapide dès l'année 1940, et le Arado prototype 234 V1 effectua son vol inaugural en juin 1943. Le Ar 234 ("Blitz") avait un fuselage étroit, des ailes hautes, et était équipé de deux réacteurs Junkers Jumo 004B-0.
Les prototypes et le modèle de production initial Ar 234A n'avaient pas de train d'atterrissage afin de gagner du poids. Ils décollaient grâce à un chariot doté de trois roues qui restait au sol après l'envol, et atterrissaient sur trois patins rétractables, un sous le fuselage, et deux de stabilisation sous chacun des réacteurs. Le pilote prenait place dans un siège éjectable (le premier installé dans un bombardier) et le cockpit était pressurisé. La vue vers l'avant était excellente, grâce à la partie antérieure vitrée, et la visibilité vers l'arrière était uniquement fournie par un périscope proéminent.
Après les jours du débarquement sur la côte normande, les Arado Ar 234 V5 et V7 furent déployés en France, afin de fournir aux Allemands une nécessaire vue plus complète de la Normandie. Après plusieurs retards, le bombardier effectua sa première mission opérationnelle début août 1944, en étant non repéré par les Alliés. Le Ar 234B fut la principale version de production, et ce modèle dont le fuselage était légèrement plus large, était équipé d'un plus classique train tricycle rétractable. La production fut d'environ 230 exemplaires, mais seulement une petite partie de ces avions put rejoindre plus tard le front, à cause des bombardements alliés. Parme ces machines, un vingtaine de Ar 234B-0 de pré-production furent utilisées en majorité pour des tests.
Les premières missions de bombardement furent effectuées vers la Noël 1944, quand de petits groupes appartenant au KG 76 (Kampfgeschwader 76) volèrent deux fois pour attaquer des voies ferrées et des cibles industrielles au-dessus de Liège, en Belgique. Après ces missions, ils effectuèrent principalement des raids de diversion, jusqu'à ce qu'ils participent à l'opération Boden-platte contre des aérodromes ennemis. Début mars 1945, les Arado du KG 76 effectuèrent de nombreuses sorties contre le pont de Remagen (pont Ludendorff) sur le Rhin, au sud de Bonn, en attaquant à basse et haute altitude, avec des bombes d'un poids allant jusqu'à 3.040 livres (1.800 kg). Plusieurs bombardiers furent abattus par les chasseurs alliés, le pont ne fut finalement pas détruit mais s'écroula cependant plus tard (mars 1945), et pendant ce temps, les troupes ennemies avaient déjà installé une tête de pont sur l'autre rive, en Allemagne. Egalement, une petite quarantaine de sorties avaient été effectuées contre des forces britanniques près de Clèves (ville allemande située sur le Rhin, très près de la frontière avec les Pays-Bas), fin février 1945, et ces attaques furent les plus lourdes menées par les Arado pendant la guerre, avec 18 tonnes de bombes larguées en une seule journée. Par la suite, l'arrêt de l'approvisionnement en carburant empêcha la poursuite des missions.
La cellule du Ar 234 était de construction semi-monocoque, avec un revêtement travaillant fixé par des rivets. La section centrale, dans la zone des ailes et des attaches du train d'atterrissage était formée d'une structure en forme de caisson. L'équipement radio et le parachute de freinage étaient logés dans la partie arrière du fuselage. Les ailes métalliques étaient construites d'une seule pièce autour de deux longerons, et leur revêtement travaillant était également métallique. Des volets à commande hydraulique étaient disposés à l'intérieur et à l'extérieur des nacelles des moteurs. Les ailerons de type Frise étaient équilibrés et dotés de compensateurs sur leur extrémité intérieure. Des fusées d'assistance au décollage à carburant liquide Walter 109-500 pouvaient être montées à l'extérieur des nacelles des réacteurs (éjection après utilisation et récupération possible de ces éléments). Les éléments de queue étaient de construction métallique, la dérive ayant cependant un bord d'attaque détachable en bois, derrière lequel se trouvait une antenne radio (émetteur-récepteur VHF, type FuG 16ZY). Le plan de profondeur à faible corde pouvait pivoter au niveau de son bord d'attaque et son incidence pouvait être réglée en vol depuis le poste du pilote. Les réservoirs de carburant étaient logés dans le fuselage, l'un derrière le poste de pilotage, un autre en arrière de l'attache des ailes, et il était prévu de monter des réservoirs supplémentaires sous les plans. L'appareil n'avait pas de soute interne, pour les missions de bombardement, les armes devaient être accrochées à l'extérieur, sous le fuselage ou sous les réacteurs (charge de bombes allant jusqu'à 4.410 livres, 2.000 kg, pour un Ar 234 B-1).
Le Ar 234C était une variante dotée de quatre réacteurs BMW 003 A-1 d'une poussée unitaire de 1.760 lbf (800 kgp), groupés par paires sous les ailes. Le modèle dont la partie avant vitrée avait été revue, était équipé d'un viseur de bombardement monté derrière une fenêtre transparente, sous le nez. Seulement une petite quinzaine de Ar 234C-1 et C-2 furent produits.
Le Ar 234 fut décliné en plusieurs autres variantes, dont une de chasse de nuit. Cet appareil qui fut produit en un très petit nombre d'exemplaires, était dérivé d'un Ar 234B. Désigné Ar 234B-2/N ("Nachtigall"), il était doté d'un radar à bande VHF Siemens FuG 218, "Neptun", dont les antennes étaient montées à l'avant de l'appareil, et était équipé d'une paire de canons MG 151/20 de calibre 20 mm, montés dans une gondole ventrale, à la place des bombes. Finalement, cette version n'était pas adaptée au type de mission demandé, et elle fut retirée rapidement. Une autre variante particulière fut le prototype Arado 234 V21, prévu pour emporter sous le fuselage un petit appareil conçu également par Arado en 1944, le chasseur E.381 ("Kleinstjäger"). Ce petit chasseur piloté, blindé en partie avant et équipé de canons ou de roquettes devait attaquer des bombardiers alliés après son largage de l'avion porteur. Il était propulsé par un moteur-fusée à combustible liquide Walter HWK 109-509A, et devait revenir se poser en fin de mission, sur des patins, le freinage étant assuré par un parachute. Le projet fut arrêté à cause d'un manque d'intérêt des autorités et de fonds insuffisants.
Source partielle : Bombers of the 20th Century - Jim Winchester (ISBN 1-8403-7386-5).
Ar 234B-1 |
Moteurs(s)/Engine(s) |
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2 réacteurs de 900 kgp |
Junkers Jumo 004B |
Envergure/Span |
14,10 m (46 ft 3.1 in) |
Longueur/Length |
12,65 m (41 ft 6 in) |
Hauteur/Height |
4,30 m (14 ft 1.3 in) |
Poids total/Weight |
9.850 kg (21,720 lb) |
Vitesse/Speed |
740 km/h (460 mph) |
Plafond/Ceiling |
10.000 m (32,810 ft) |
Autonomie/Range |
1.630 km (1,010 miles) |
Endurance/Endurance |
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