Sikorsky-Bolshoi                  

Sikorsky Ilya Mourometz Type V

année 1913 Sikorsky-S-38

Vue d'un Sikorsky Ilya Mourometz (photo : Histoire de l'Aviation Militaire Bill Gunston - Russian Aviation Research Trust) Vue d'un bombardier quadrimoteur Sikorsky Ilya Mourometz (un héros légendaire de la mythologie russe, comme Dobrina Nikitich et Aliocha Popovitch), Type V. Quatre moteurs Sunbeam de 150 ou 220 ch, deux réservoirs de carburant au milieu sous l'aile supérieure.

Le premier avion à quatre moteurs au monde, le Bolshoï ("Le Grand"), avait été conçu par Igor Ivanovitch Sikorsky et G. I. Lavrov en 1913, et avait volé pour la première fois en mai de la même année. A partir de ce modèle de transport civil, fut développé un appareil encore plus grand, le Ilya Mourometz (IM), qui était équipé de quatre moteurs Argus de 100 ch et qui vola pour la première fois au début de l'année 1914. Equipé d'un train d'atterrissage doté de skis, ce grand biplan pouvait emporter un équipage de cinq personnes et comprenait en partie arrière du fuselage des équipements pour dormir et manger. En février 1914, cet appareil réussit à monter jusqu'à 2.000 m et voler dans les airs pendant cinq heures en emportant seize passagers et un chien.

Au printemps 1914, dix exemplaires d'une version militaire destinée à l'aviation militaire impériale russe furent commandés. Après le début de la Première Guerre mondiale, en août 1914, cette commande fut augmentée de manière substantielle par le Conseil militaire technique central, et ultérieurement, environ 80 bombardiers de type Ilya Mourometz furent construits.

Les machines de production furent construites par RBVZ (Russko-Baltijskij Vagonnyj Zavod, établi à Saint-Pétersbourg, ville devenue par la suite Léningrad) et apparurent sous cinq formes de base, toutes étant différentes en tailles, poids et motorisations. Des approvisionnements insuffisants en moteurs d'avions posaient un problème récurrent à l'industrie aéronautique russe, et plusieurs, parmi les bombardiers Sikorsky furent équipés de moteurs internes d'un certain type et de moteurs externes d'un autre.

Environ quatre Ilya Mourometz Type B furent construits (deux moteurs radiaux Salmson Canton-Unné de 135 ch et deux de 200 ch). Ils furent suivis par environ 33 Type V, la plus petite des variante du Mourometz. Trente machines de ce type furent dotés de moteurs Sunbeam de 150 ch (une unité très peu satisfaisante), les derniers exemplaires étant équipés de moteurs Argus, deux de 125 ch et deux de 140 ch. Le G-2, construit à environ vingt exemplaires, reçut quatre moteurs RBVZ-6 de 150 ch, et quinze G-3 furent dotés de deux moteurs de ce dernier type complétés de deux Renault de 220 ch. Le plus grand modèle, le E-1, fut équipé de quatre moteurs Renault de 220 ch. Le E-1 était aussi la variante la plus rapide, à un poids total de 7.000 kg, sa vitesse maximale atteignait 85 mph (environ 140 km/h).

Les performances opérationnelles de la première paire de Mourometz furent si décevantes, qu'il fut demandé à RBVZ d'en suspendre la production. Cependant, heureusement, le modèle ne fut pas abandonné, et sous le commandement du général Mikhaïl V. Shidlovski (alors président de RBVZ), une escadrille (Eskadra Vozdushnykh Korablei ou EVK, plus tard Aviagruppa) fut formée spécialement pour exploiter et mettre en service ces bombardiers. Cette unité était plus qu'une simple escadrille de bombardement, elle pouvait subvenir à la totalité de ses besoins, pour effectuer ses propres essais, assurer la formation, entretenir les machines et effectuer les autres tâches nécessaires.

A partir de la base de Jablonna située en Pologne, l'EVK put mener un premier raid sur la Prusse-Orientale, le 15 février 1915, et jusqu'à la révolution bolchevique, début novembre 1917, cette unité effectua environ 400 missions sur l'Allemagne et la Lituanie. Durant cette période, un seul bombardier fut perdu en mission, en septembre 1916, lors d'un combat contre quatre Albatros. Cependant, avant la perte de leur appareil, les mitrailleurs du Mourometz avaient pu abattre trois des chasseurs ennemis. Deux autres machines furent perdues suite à des accidents, et en février 1918, trente biplans furent détruits sur leur terrain à Vinnitza, Ukraine, afin qu'ils ne puissent pas être capturés par les Allemands.

A cause de sa taille, le Ilya Mourometz demandait beaucoup d'attention au sol et un pilotage solide en vol, mais c'était un avion bien construit capable de résister à de grands dommages. Il était doté de bons viseurs de conception et de fabrication russes, ce qui lui permit d'atteindre directement plus de 60% de ses objectifs. Un charge typique emporté par un G-2 ou un G-3 s'étalait de 450 à 700 kg (environ 990 livres jusqu'à 1.540 livres). L'armement défensif standard comprenait trois ou quatre mitrailleuses, mais jusqu'à sept armes de ce type, en incluant une montée en tourelle, à l'extrémité arrière, pouvaient être adaptées. Un équipage normal pour un Type B, comprenait quatre hommes, mais le nombre pouvait être augmenté en fonction des armes défensives montées.

Les grands bombardiers furent aussi utilisés pour des missions de reconnaissance sur longue distance dans les zones ou ils opéraient, ce pourquoi ils étaient parfaitement adaptés. En décembre 1916, le tsar Nicolas II avait approuvé l'autorisation de construction de ces machines sous licence, en Angleterre et en France, mais ces options ne furent pas mises en oeuvre.

Après un service actif sur le front de Roumanie en 1918, seulement quelques IM demeurèrent. Un modèle D-3 (cn 225) et quinze nouveaux G-1 et G-3 (cn 274-276 et cn 278-287) furent livrés en 1919, mais tous ne furent pas assemblés. Après des combats en Pologne et sur le front Sud, dix exemplaires restaient opérationnels en décembre 1920, mais une machine supplémentaire construite à partir de pièces détachées fut ajoutée l'année suivante. A partir de mai 1921, six Mourometz furent utilisés pour transporter des passagers, du courrier et aussi du fret entre Moscou et Kharkov, Ukraine. Ce service fut interrompu en octobre après une quarantaine de vols. En 1922, huit machines étaient encore employées dans le premier et le deuxième détachements du DVK (Diviziya Vozdushnykh Korablei). A la fin de cette même année, les appareils restants furent transférés à l'école de Serpukhov, Moscou, et le dernier fut démantelé en 1923. Le DVK employa également environ six biplaces Sikorsky S.12bis et environ quinze monoplaces S.16s (cn 155 et 247-260) pour l'entraînement et les liaisons, mais ces avions disparurent de l'inventaire du RKKVF (Raboche-Krest'yanskii Krasnyi Voenno-Vozdushnyi Flot, Flotte Aérienne des Travailleurs et des Paysans de l'Armée Rouge) en 1921-1922.


Vue d'un Sikorsky Ilya Mourometz, Type V, de l'Eskadra Vozdushnykh Korablei. Aviation militaire impériale russe, 1916. Vue d'un Sikorsky Ilya Mourometz Type V (origine : Bombers 1914-1919 - Kenneth Munson)

- En complément, plans d'un grand bombardier Ilya Mourometz Type V, plan d'une version hydravion à flotteurs Type A et plan d'un Type E.

Source partielle : Bombers 1914-1919 - Kenneth Munson.

ILYA MOUROMETZ V    
Moteurs(s)/Engine(s)   4 moteurs à pistons de 150 ch               Sunbeam                                           
Envergure/Span 29,80 m (97 ft 9.2 in) Longueur/Length 17,09 m (56 ft 0.8 in) Hauteur/Height 4,72 m (15 ft 5.8 in) Poids total/Weight 4.595 kg (10,130 lb)
Vitesse/Speed 120 km/h à 2000 m            Plafond/Ceiling 3.000 m (9,840 ft)   Autonomie/Range                      Endurance/Endurance 5 heures            


Retour partie aviation/return to the airplane part Index  Table des matières/table of contents Avions militaires de la Première Guerre mondiale/military aircrafts of the First World War