Lockheed-F-94 starfire          

Lockheed F-104 Starfighter

mars 1954 Lockheed-F-117 nighthawk

Vue de chasseurs F-104A Vue au-dessus du Bay Bridge, à San Francisco, Californie, de deux chasseurs Lockheed F-104A Starfighter, immatriculations FG-769 et FG-781, de l'U.S. Air Force, en configuration interception (sans les réservoirs supplémentaires et armés de missiles Sidewinder).

Conçu par l'ingénieur de la société Lockheed, Clarence Leonard "Kelly" Johnson (1910-1990), comme un intercepteur simple et léger destiné à l'Air Defense Command de l'U.S. Air Force, le F-104 Starfighter était un appareil extrêmement fin doté d'ailes de forme trapézoïdale, petites et peu épaisses. Il fut équipé d'un réacteur General Electric J79 (momentanément remplacé par un Wright J65 durant les essais), fournissant à l'origine une poussée de 9.000 lbf (4.080 kgp) sans la réchauffe. Le prototype vola pour la première fois début mars 1954, aux mains du pilote Anthony W. LeVier (1913-1998), et il fut suivi d'une petite vingtaine de YF-104. Le Starfighter avait alors une vitesse impressionnante (possiblement maintenue autour de Mach 2.0) et d'excellentes performances en montée, mais il avait un réacteur peu fiable, une autonomie très réduite, une grande vitesse d'atterrissage, une faible vitesse de virage et quelques mauvaises caractéristiques de vol.

L'U.S. Air Force commanda initialement environ 720 Starfighter, mais ne réceptionna finalement qu'environ 300 exemplaires monoplaces ou biplaces du modèle. Mis en service actif dans les unités de l'U.S.A.F. en 1958, initialement en version F-104A, le modèle fut retiré dès 1960, et fourni ensuite aux unités de l'ANG (Air National Guard) qui utilisa cet appareil jusqu'en 1969. Machine rapide, le Starfighter établit en mai 1958, un nouveau record mondial de vitesse en atteignant environ 2.260 km/h, puis obtint un record d'altitude à environ 31.510 m en décembre 1959. De petits lots de F-104A furent fournis au Pakistan et à Taïwan (qui céda par la suite les machines survivantes à la Jordanie, ce dernier pays les envoyant finalement en partie au Pakistan). En 1965, les F-104 pakistanais furent mis en action contre des avions militaires de l'Inde. Les Starfighter de Taïwan (en majorité des A et C de sources diverses) servirent de 1960 jusqu'en 1996, et furent armés de missiles air-air locaux Sky Sword I et II.

Le F-104C constitua la première version de chasse-bombardement. Elle fut construite en environ 80 exemplaires et son équivalent biplace F-104D fut produit en une vingtaine d'exemplaires. Ces variantes étaient équipées d'une perche de ravitaillement en vol amovible et d'un réacteur J79-GE-7. Entrés en service dans l'U.S.A.F. en septembre 1958, ils furent également reversés à l'ANG, qui les retira en juillet 1975. Entre les années 1965 et 1967, quelques-uns furent basés au Viêt Nam, et parmi ces avions, un fut abattu par un MiG-19 (Shenyang J-6), et quelques autres furent victimes de missiles SAM ou de la défense anti-aérienne. L'U.S.A.F. utilisait un peu moins de 80 F-104C au milieu de l'année 1975 et une dizaine de F-104 furent employés par la NASA entre 1956 et 1994, pour diverses tâches.

Le F-104 avait été assez décevant dans son rôle initial d'intercepteur, mais il eut une carrière plus large ultérieurement, dans un type de mission différent. Il avait été construit en environ 320 exemplaires, comme chasseur d'interception à faible autonomie ou comme appareil d'entraînement à la chasse, mais l'orientation de cet avion évolua avec le F-104G (Germany). Cette variante destinée au support tactique et à la reconnaissance fut l'objet d'un large programme de coopération international ayant pour but l'achat et la construction locale sous licence du modèle par de nombreux européens. Le F-104G fut construit en Allemagne de l'Ouest, pour la Luftwaffe et la Marineflieger, et également pour la force aérienne des Pays-Bas, la Koninklijke Luftwaffe. Il fut aussi fabriqué en Italie, par Fiat et Aermacchi, pour les deux forces aériennes citées et la Aeronautica Militare Italiano locale. En Belgique, SABCA et les Avions Fairey construisirent le modèle pour la force aérienne de ce pays et pour la Luftwaffe, et la maison mère fournit le F-104G, en 140 exemplaires au total, aux forces aériennes de l'Allemagne de l'Ouest, de la Belgique, du Danemark, de l'Espagne, de l'Italie, de la Norvège et de la Turquie. Au Canada, Canadair le construisit sous la référence CF-104 (à moteur Orenda J79-OEL-7), en environ 200 exemplaires. Le CF-104D biplace doté d'un moteur de même origine fut construit pour les Canadiens en environ 40 exemplaires, et parmi ces derniers, plusieurs furent cédés au Danemark, à la Norvège, et à la Turquie. Au Japon, cet avion fut construit en 210 exemplaires, principalement par Mitsubishi, sous la référence F-104J, pour le compte de la JASDF (Japan Air Self-Defence).

Le F-104G était un type chasseur-bombardier multi-rôles destiné à l'origine à l'Allemagne de l'Ouest et choisi par ce pays en 1955. Il avait une structure renforcée, des plans de queue plus grands et une avionique et des systèmes électroniques plus élaborés et adaptés à l'Europe. Il était équipé de quatre points d'emport sous les ailes et un ventral, et pouvait emmener un charge d'armes diverses (roquettes, bombes), dont une bombe nucléaire B-43, pour une poids total atteignant 4.000 livres (1.810 kg). En version marine, il était doté de missiles anti-navires AS.34 Kormoran.

La cellule du F-10G était de construction classique en alliage d'aluminium et était optimisée pour le vol supersonique au delà de Mach 1.5. La capacité maximale de carburant en interne était de 3.400 litres. En déposant le canon, il était possible de l'augmenter de 460 l, deux réservoirs d'une capacité unitaire de 650 l pouvaient être accrochés aux extrémités de chaque aile, et des réservoirs supplémentaires de 750 l pouvaient encore être montés sous les ailes. Les ailes étaient dotés de becs de bord d'attaque et de volets, et ces derniers, afin de réduire la vitesse d'atterrissage, pouvaient être soufflés par de l'air sous pression pris au niveau du compresseur du réacteur (Boundary Layer Contrat ou BLC). Les entrées d'air latérales du propulseur étaient dotées de cônes fixes adaptés à la partie haute du domaine de vol, et le moteur simple flux simple corps J79 GE-11A était équipé de stators à calage variable sur les six premiers étages du compresseur. Compte tenu des performances et de la géométrie de l'avion, avec en particulier un empennage haut et loin derrière le cockpit, il avait été prévu initialement un système d'éjection vers le bas, mais en cas d'utilisation à basse altitude, le pilote n'avait que peu de chance de survivre. Aussi, il fut décidé finalement de monter un siège éjectable plus classique, vers le haut. Après plusieurs essais décevants de divers modèles (Stanley puis Lockheed C-2), le choix fut porté début 1967, sur un siège particulier Martin-Baker de type zéro-zéro Mk. GQ-7. Ce chasseur-bombardier tout temps était équipé d'une centrale à inertie (Inertial Navigation System, INS, de type Litton LN-3), et le radar de navigation et de tir était un Autonetics F15A-41B NASARR (North American Search and Ranging Radar). Le système de contrôle de tir était optimisé pour deux modes de base, air-air pour l'interception et air-sol pour le bombardement et la navigation, et les informations de tir étaient présentées au pilote grâce à un écran radar, un viseur et un indicateur intégré de route. Egalement, cet appareil était doté d'un vrai pilote automatique permettant le maintien d'altitude, de cap et d'asservissement à une route.

En tout, l'Allemagne reçut environ 920 F-104G, et également des RF-104G (reconnaissance tactique fabriquée au total en environ 190 exemplaires), des TF-104G (biplace d'entraînement fabriqué au total en environ 220 exemplaires) et des F-104F (version intérimaire construite en 30 exemplaires). Le taux de perte dans l'armée de ce pays fut anormalement élevé, puisque au moins 270 avions furent perdus dans des accidents. La proportion de machines accidentées fut également très forte dans d'autres pays, en atteignant 50% au Canada, 30% en Belgique et 38% en Italie. A contrario, l'Espagne et le Japon qui utilisèrent l'appareil comme un pur intercepteur ne souffrirent que d'un taux moindre de perte, voire nul. Le total des F-104G construits en Europe et aux Etats-Unis fut d'environ 1.130 exemplaires, et le F-104, en toutes ses variantes, fut fabriqué en environ 2.580 exemplaires.

Les derniers Starfighter en service furent des F-104S et TF-104S italiens, des avions acquis à partir de 1962 et modernisés pour pouvoir emporter des missiles AIM-9 Sidewinder ou des missiles en relation Aspide (AIM-7 Sparrow). Cette ultime version avait des capacités largement améliorées par rapport au F-104G, et les progrès portaient essentiellement sur l'autonomie, la charge offensive et l'amélioration des systèmes électroniques. Le dernier appareil de ce type fut retiré du service actif par l'Italie fin octobre 2004.


Vue d'un F-104G (origine : Fighters, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson) Vue et plan d'un Lockheed F-104G de la Koninklijke Nederlandse Luchtmacht (construction Fiat) armé de deux missiles Sidewinder.
Plan d'un F-104G (origine : Fighters, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson)


- En complément, vue d'un intercepteur Lockheed F-104G de la Luftwaffe. Immatriculation 22 40, cn 7118, construction MBB (Messerschmitt-Bölkow-Blohm). Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget, 2004.
- Autre complément, vue du côté gauche, trappe ouverte, du canon d'un Lockheed F-104G et vue de la partie centrale arrière avec la crosse de freinage d'urgence et un aérofrein déployé. Le canon General Electric M61 Vulcan qui équipait le Starfighter était un multitube (six tubes d'un calibre de 20 mm) utilisant le principe de la mitrailleuse Gatling. D'une très grande cadence de tir (6.000 coups à la minute), il était refroidi par air et son tambour pouvait être piloté hydrauliquement ou électriquement. Le modèle initial M61A1 pesait environ 115 kg, il fut, avec ses variantes, le principal armement de type canon des appareils militaires américains à voilure fixe à partir des années 1960. Exposition au musée Aeroscopia, Toulouse, France, août 2015.


Sources partielles : Fighters, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson, et Fighters of the 20th Century - Jim Winchester (ISBN 1-8403-7388-1).

F-104               
Moteurs(s)/Engine(s)   1 réacteur de 4.540 kgp (7.170 kgp avec réchauffe) General Electric J79-GE-11A                       
Envergure/Span 6,68 m (21 ft 11 in) Longueur/Length 16,69 m (54 ft 9.1 in) Hauteur/Height 4,11 m (13 ft 5.8 in) Poids total/Weight 11.113 kg (24,500 lb)
Vitesse/Speed 2325 km/h à 11000 m          Plafond/Ceiling 17.700 m (58,070 ft) Autonomie/Range 1.110 km (690 miles) Endurance/Endurance                     


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