Construction d'une copie de Telecaster ®

 

Dans le but d'améliorer les connaissances en menuiserie, fut entreprise, à la mi-2005, la construction d'une copie de Telecaster ®. Un avantage annexe était de pouvoir réaliser une guitare personnalisée, tant au point de vue décoration que type de son. De manière à rester raisonnable, fut d'abord fabriquée la caisse (solid body) en parallèle de celle d'un autre instrument. Au niveau du manche, l'intention initiale était aussi d'en faire un, mais face à certains problèmes (profil de la touche et de l'envers du manche), il fut finalement acheté tout fait, mais non verni, via le vendeur par correspondance Luthimate. Le manche initial était en érable, touche érable, suite à un problème d'approvisionnement, il fut en érable touche palissandre (rosewood). Au passage remerciements à Benjamin Stouffs pour son guide de construction, ses plans, son aide et ses conseils sans lesquels ce projet n'aurait jamais démarré.

1) La caisse est au départ formée de quatre pièces de frêne (ash) dégauchies de manière à avoir des faces planes et des bords jointifs. L'épaisseur d'origine est d'environ 25 mm. Un autre bois couramment employé est l'aulne (alder), mais il est plus difficile à trouver.
 – Assemblage et collage des quatre parties. Renfort par insertion de lamellos et découpes internes pour passage des fils.
 – Dessin de la caisse et découpe du pourtour au ruban en laissant une petite marge de quelques millimètres.
 – Découpe à la côte réelle :
   – réalisation d'un gabarit reprenant le dessin exact.
   – premier passage à la défonceuse avec une bague de copie.
   – deuxième passage avec la fraise en appui sur la partie déjà faite. Ces deux passages sont nécessaires vu la grande hauteur de la caisse (45 mm).
   – passage d'une fraise quart de rond rayon 5 mm pour établir l'arrondi du bord.

A ce stade la caisse est découpée à la bonne côte, on conserve cependant une marge au niveau attache de manche.

Planches de départ en frêne (photo : JN Passieux) Caisse Telecaster après découpe au ruban (photo : JN Passieux)
Planches de départ en frêne avec les découpes pour les lamellos et le passage des câbles des micros, caisse de droite (à gauche, modèle Stratocaster ® fait en parallèle). Dimensions : 450 x 190 x 22,5 mm. De gauche à droite, caisses Stratocaster et Telecaster après découpe au ruban

Premier passage avec bague de copie (photo : JN Passieux) Deuxième passage en appui (photo : JN Passieux) Quart de rond de bord (photo : JN Passieux)
Premier passage avec bague de copie Deuxième passage en appui Quart de rond de bord (Stratocaster rayon 12 mm).
Pour la Tele, le rayon est de 5 mm.

2) La deuxième étape concerne les découpes intérieures, celle de l'emplacement du manche et les découpes externes.
 – Les découpes intérieures sont faites également à la défonceuse en employant divers gabarits préparés auparavant. Ces découpes de profondeurs différentes concernent les emplacements des micros, du manche et ceux des cordes (celles-ci sont traversantes et sont donc attachées au dos, le chevalet étant de type fixe). Cette étape est critique en ce concerne le manche, car il est en appui dans sa cavité, les quatre vis ne servant qu'à le bloquer en position.
 – Contrairement à la Stratocaster faite en parallèle, peu de découpes externes sur ce modèle relativement simple, juste l'emplacement du jack sur le côté.
 - Il faut aussi effectuer à ce niveau tous les perçages requis, plaque de propreté, attaches de courroie, cordier, capot du jack.

Caisse avant finition (photo : JN Passieux) Manche 21 cases (photo : JN Passieux)
Corps après les découpes intérieures et les perçages. Le blindage des cavités à partir de feuilles de cuivre est effectué. Manche érable, touche palissandre (bois de rose), 21 cases avant montage des mécaniques et de l'oeillet de tension. Le sillet de tête est déjà inséré.

3) La troisième étape qui est au moins aussi importante que les précédentes concerne la finition.
 – Ponçage de la caisse en commençant par du papier moyen pour finir par du super fin (1.000). Il faut faire disparaître toutes les rayures et tous les petits défauts de manière à obtenir une surface lisse et brillante. Cette étape est particulièrement pénible, mais elle est très importante car le moindre défaut va ressortir avec le vernis. Le manche n'ayant pas été acheté vernis, il faut aussi le protéger, sachant qu'il ne faut pas vernir une touche en palissandre (j'ai quand même mis une couche de fond dur, mais il a fallu que je ponce tout pour l'enlever).
 – Passage de trois couches de fond dur cellulosique (dilution variable, du plus dilué pour bien pénétrer les pores du bois au début au moins dilué pour finir)
 –  L'idée initiale pour cette guitare était d'avoir un vernis coloré bleu assez soutenu pour la caisse. Malheureusement, il n'a jamais été possible d'obtenir une teinte homogène (je pense que le problème venait d'une absorption différente du vernis suivant les endroits). Aussi, la teinture bleue a été enlevée, mais pas complètement de manière à mettre en valeur le veinage du bois. Ensuite, la caisse a été finie en vernis lutherie comme l'autre guitare (espacement de 48 heures entre chaque couche et léger ponçage à l'eau papier 1.000 à chaque passage si nécessaire), polie au Tripoli de Venise et passée au polish à carrosserie pour finir.

Il en résulte une finition pas commune, mais pas choquante, le vernis apportant une couleur assez chaude à l'ensemble.

4) En parallèle, il faut faire tout ce qui concerne l'électronique.
 - Montage des deux potentiomètres et de l'inverseur sur la plaque support chromée. Montage du micro aigu sur le cordier, placement du micro manche au fond de sa cavité, câblage des micros vers l'inverseur, des potentiomètres, des fils vers le socle jack et de mise à la masse du cordier.
 - Blindage des cavités des micros par collage de feuilles de cuivre (on peut aussi prendre de l'aluminium alimentaire). Ce blindage a pour but l'atténuation des ronflements des micros (buzz). Le cuivre est mieux adapté car il filtre plus les basses fréquences mais l'aluminium qui filtre plus les hautes fréquences peut-être suffisant. Pour réduire le bruit de fond, il vaut mieux aussi torsader les fils masse et tension pour toutes les liaisons.

Guitare terminée (photo : JN Passieux) Vue de la guitare terminée après montage de deux tendeurs de cordes en tête de manche (fin du projet novembre 2007). Malgré le fait que ce modèle soit moins complexe que la Stratocaster (forme plus simple, pas de chanfrein ni de découpe arrière, deux micro au lieu de trois), le travail a été globalement équivalent.

La principale difficulté aura été la finition qui n'est pas parfaite, mais le vernis cellulosique apporte un aspect plus fin que les vernis ou laques appliqués habituellement de manière industrielle. La touche palissandre rend le son un peu moins sec qu'avec une touche érable et la différence de tonalité est marquée entre les deux micros, avec un micro chevalet très puissant. Au niveau du coût général qui reste très raisonnable, c'est le manche et les micros qui auront été les parties les plus onéreuses. Les cordes initiales étaient des classiques d'Addario round wound, EXL110, type XL Nickel Wound, en tirant .010/0.13/0.17/.026/0.36/.046 ou EXL115 en tirant .011/.014/.018/.028/.038/.049. Un autre montage fut des cordes Thomastik-Infeld Jazz Swing, flat round, JS 111, tirant .011/.015/.019/.025/.035/.047.


Annexes :
- Nomenclature et estimation des coûts
- Schéma de cablage
- Principaux produits de finition employés

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